dimanche 25 novembre 2012

L'Union Sacrée :

Le communiqué de Jean-Pierre Masseret a le mérite d’être le plus concis : « Je soutiens la démarche de nationalisation temporaire d’ArcelorMittal Florange », mais le message est désormais bien le même, porté par tous les élus mosellans concernés, de droite comme de gauche.Après les déclarations d’Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, évoquant un « un contrôle public » du site sidérurgique, l’heure était, hier, à l’union des troupes, avant une rencontre probable entre François Hollande et Lakshmi Mittal, mardi. Politiques et syndicats, tous derrière Montebourg, pour soutenir ce « plan B » qui verrait un opérateur industriel sérieux (mais dont le nom n’a toujours pas filtré) reprendre l’intégralité du site avec l’appui de l’Etat pour « forcer » Mittal à la cession. À l’initiative du député socialiste Michel Liebgott, élus et représentants de l’intersyndicale ont peaufiné, hier soir, une lettre ouverte au président de la République, réaffirmant leur « détermination à appliquer les conclusions du rapport Faure […] », dénonçant « le chantage à l’emploi d’ArcelorMittal ». Et demandant « une prise de contrôle publique temporaire de l’État pour permettre à un opérateur industriel de reprendre l’activité de l’ensemble du site ». Sans mention de « nationalisation », le courrier est bien signé, aux côtés de l’intersyndicale et des élus PS, PC, EELV, par Anne Grommerch, députée UMP de Moselle, Patrick Thil, secrétaire départemental de l’UMP et Patrick Weiten, président du conseil général et de l’UDI 57. De quoi laisser espérer un soutien politique élargi au niveau national, et conforter François Hollande à engager le bras de fer avec l’industriel indien. « Il était temps », souffle Jean Mangin, pour la CGT. Du côté de l’intersyndicale, on salue « cette petite note d’espoir après une période plus que floue ». Reste la date butoir imposée par le sidérurgiste : vendredi prochain. Tout juste cinq jours pour, selon Montebourg, « ne plus être menés par le bout du nez par ArcelorMittal »... R.L. du 25/11/2012

vendredi 23 novembre 2012

LE COMBAT EST EN COURS !

Le gouvernement français a ouvert les hostilités vendredi matin dans un communiqué commun des ministres du Redressement productif et du travail: "C'est au groupe ArcelorMittal qu'il revient de prendre ses responsabilités et d'accepter d'envisager un processus de cession de l'ensemble du site, qui suscite l'intérêt de plusieurs repreneurs", ont déclaré Arnaud Montebourg et Michel Sapin. Le 1er octobre, ArcelorMittal avait annoncé sa volonté de fermer la filière liquide (la production d'acier brut à partir de minerai de fer et de charbon). Il avait alors laissé 60 jours au gouvernement pour trouver un repreneur pour les installations qu'il ne souhaitait plus exploiter, un délai qui expire à la fin de la semaine prochaine. Les intentions du groupe concernant le reste du site, notamment le laminoir à chaud (transformation des grosses plaques d'acier, les brames, en rouleau de tôle plus fine), et les lignes de traitement et de finition de l'acier, ont toujours été claires: il souhaite les conserver. Or sans ces installations, le gouvernement a dû se résoudre à l'évidence: le site est invendable. Les 20.000 emplois en France en jeu La réplique n'a pas tardé. Dans un communiqué, ArcelorMittal a mis en jeu toutes ses activités en France. "La vente des activités aval de Florange mettrait en péril la viabilité du reste des activités d'ArcelorMittal en France où le groupe emploie 20.000 salariés", affirme le groupe. "Les sites industriels ne peuvent fonctionner isolés les uns des autres. Toutes les activités aval du site de Florange sont intégrées au reste des activités du groupe en France et en Europe", argumente le sidérurgiste. ArcelorMittal met en avant l'approvisionnement des activités aval de Florange avec des brames sortant de ses hauts-fourneaux de Dunkerque (nord), indiquant en creux que ce site serait fragilisé par la vente de l'intégralité de Florange. "Les activités aval de Florange fournissent les clients parmi les plus importants du groupe, en particulier, dans le secteur automobile, avec des produits à forte valeur ajoutée", souligne-t-il également. ArcelorMittal ne se prononce en revanche pas sur une éventuelle nationalisation temporaire, évoquée jeudi au Sénat par M. Montebourg. Si elle ne semble pas complètement exclue, les deux ministres ont semblé temporiser vendredi sur ce sujet. Le ministre du Travail a en effet nuancé les propos de M. Montebourg sur le contrôle temporaire de l'Etat: "On n'est plus dans une époque où on nationalise la sidérurgie", a-t-il concédé sur la chaîne de télévision LCI. "Il ne s'agit évidemment pas de nationaliser l'ensemble du secteur sidérurgique français", ont précisé par la suite les deux ministres dans leur communiqué, expliquant de manière sibylline que "l'Etat prendra ses responsabilités pour faciliter une reprise du site de Florange comme l'a indiqué Arnaud Montebourg hier (jeudi, NDLR) au Sénat". M. Montebourg a en tout cas sur ce point reçu des appuis politiques. "Les sénateurs du groupe socialiste soutiennent (...) la démarche annoncée par Arnaud Montebourg", a déclaré par exemple le président du groupe PS François Rebsamen. La fermeture des hauts-fourneaux de Florange serait symbolique du fort déclin de la sidérurgie, et plus généralement de l'industrie française et européenne: vendredi, l'indien Tata Steel a annoncé la suppression de 900 emplois et la fermeture de douze sites au Royaume-Uni. Le point 23/11/2012

jeudi 22 novembre 2012

Le Combat Continu !

Pour une reprise de Florange, ArcelorMittal doit concéder plus d’espace et plus de temps ! Le délai de deux mois, accepté par ArcelorMittal pour permettre la recherche d’un repreneur des hauts fourneaux de Florange, arrive à son terme. Le ministre du Redressement productif, dans une intervention à l’Assemblée nationale le 21 novembre, a déclaré que deux industriels avaient fait des offres de reprise. Il nous apparaît évident que si ces offres ne vont pas plus avant, c’est que le périmètre de cession limité, par ArcelorMittal, aux seuls hauts-fourneaux, ne permet pas d’envisager une reprise viable. C’est ce qu’avait dit la FGMM-CFDT dès le départ en prenant parti pour une reprise du site intégré (filière liquide et parties chaudes et froides en aval). Puisque des industriels sont intéressés par le « site intégré » de Florange, alors qu’ArcelorMittal n’en veut plus dans son modèle économique, il devient nécessaire qu’ArcelorMittal accepte de céder le site dans son intégralité et de donner plus de temps à la construction d’une reprise. Ce groupe y trouvera en outre du cash dont il a actuellement besoin, lui permettant d’investir dans ses autres sites français et européens. Au cours de ces deux mois, une bonne nouvelle est arrivée concernant la priorité donnée par la Commission européenne au projet « ULCOS » de sidérurgie bas carbone. Car la compétitivité de la sidérurgie européenne passe, à l’avenir, par la réduction de ses émissions de CO2 et donc par une meilleure efficience énergétique et une meilleure efficience matières. La réalisation du projet ULCOS à Florange donnerait au site : - des perspectives économiques nouvelles, avec une augmentation de sa capacité de production de plus de 20 % (permise par la substitution de l’oxygène de l’air par de l’oxygène pur), une économie de 100 kg de coke par tonne de fonte produite entrainant une économie d’énergie d’environ 10 % ; - un intérêt environnemental certain, avec une réduction des émissions de CO2 de 10 % à 20 % au niveau du haut-fourneau modifié et de plus de 60 % si on y ajoute le procédé de captage stockage aval. Au nom de la défense de l’emploi, de l’avenir de la sidérurgie en Europe et de l’intérêt environnemental, les Pouvoirs publics ont donc une triple responsabilité d’intervention pour favoriser une solution de pérennité du site de Florange dans des conditions économiques durablement viables. L'État, compte tenu des financements publics d'ores et déjà dépensés et alloués pour le projet ULCOS, doit notamment se porter garant de la réalisation des investissements permettant sa mise en œuvre dans le cadre de la reprise de Florange.

vendredi 16 novembre 2012

Réunion pour soutenir le projet ULCOS :

Faire corps derrière la sidérurgie lorraine, en laissant de côté les divergences politiques. » Hier matin, au local syndical d’ArcelorMittal Florange, Édouard Martin (CFDT) et toute l’intersyndicale (CFDT-CGT-FO) ont réussi leur coup. Invités à une réunion sur Ulcos, les élus locaux sont tous tombés d’accord pour appuyer le projet innovant de captage-stockage de CO 2. Avec d’autant plus d’espoir que le dossier, en dernière position en juillet dernier, est désormais en première place sur la liste établie par la Commission européenne (lire RL d’hier). « La balle est dans le camp de la France. Reste le calendrier. Je vais continuer à batailler à Bruxelles pour que l’Union rende sa décision avant fin décembre comme cela vient d’être annoncé », s’engage Nathalie Griesbeck. Pour la députée européenne, « il faut aussi obtenir un délai supplémentaire pour que le gouvernement français puisse trouver un repreneur pour la filière liquide ». Car sans hauts fourneaux, impossible de produire de l’acier plus propre comme le promet la technologie Ulcos. Et il faudra bien un repreneur ! Le député PS Michel Liebgott le sait : il faut négocier pour que l’ultimatum de Mittal soit repoussé au-delà du 1 er décembre. Quand bien même, de nombreuses questions demeurent avant que ce bond technologique puisse, peut-être, voir le jour. « Si elle choisit Ulcos, dans quelle mesure la Commission européenne autorisera son transfert à un repreneur ? », s’interroge le parlementaire fameckois. Quant au financement, si l’État français a provisionné 150 M€ et que les collectivités locales interviendront à hauteur de 30 M€ « pour le pipeline », souligne Patrick Weiten, le président du conseil général de la Moselle, « les 350 M€ pour la modernisation des hauts fourneaux devront être un investissement de l’industriel ». Mais quel industriel puisque Mittal se désengage aujourd’hui du projet ? « Projet essentiel pour la planète » On peut aussi se demander quelle sera la part de l’Europe dans ce dossier d’envergure estimé à 620 M€. Beaucoup de conditions selon Jean-Pierre Masseret. « Il faut que les hauts fourneaux reprennent, qu’ils soient modernisés et il faut investir… », rappelle le patron de l’exécutif lorrain. L’atout Ulcos pourrait-il alors refroidir un repreneur ? « Avec ou sans Ulcos, nos hauts fourneaux doivent redémarrer. L’État doit prendre ses responsabilités ! », insiste, pour sa part, Yves Fabbri (CGT). Et si Mittal décide finalement de ne pas vendre et de fermer cette partie de son usine, qu’adviendra-t-il des 629 salariés directs de la filière liquide ? Philippe Tarillon n’ose y penser. « Je ne le vois pas prendre la responsabilité de faire échouer ce projet essentiel pour la planète, indique le maire de Florange. Le consortium de sidérurgistes ne le laisserait pas faire. » R.L. DU 16/11/2012