vendredi 7 décembre 2012

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Alors que le groupe Arcelor Mittal a retiré le projet Ulcos en raison de difficultés techniques, des métallos de Florange ont brièvement occupé les hauts fourneaux du site sidérurgique pour exiger la renégociation de l'accord conclu entre Paris et ArcelorMittal. François Hollande a réagi. 20h20 : "les engagements pris seront tenus, j'en serai le garant", annonce Hollande Le président François Hollande a affirmé jeudi soir à propos de l'accord entre le gouvernement et ArcelorMittal concernant Florange que "les engagements seront tenus" et qu'il en "serait le garant". Concernant l'avenir des hauts fourneaux, le chef de l'Etat a fait aussi "la promesse" de faire en sorte que "ce qui a été engagé aussi pour faire que (le)  projet Ulcos voit le jour auprès de l'Europe (soit) mené à bien". "Le gouvernement a pris des décisions, elles ne sont jamais faciles, ce sont des décisions courageuses qui permettent d'éviter un plan social à Florange, d'obliger l'actuel industriel Mittal à faire des investissements qui n'ont que trop tardé et à engager un plan Ulcos qui doit permettre qu'il y ait un avenir pour la filière chaude", a déclaré François Hollande en marge d'un  déplacement chez Emmaüs. "Je peux dire ici que ces engagements seront tenus et j'en serai, avec le  gouvernement, le garant", a-t-il ajouté soulignant qu'il savait "les inquiétudes, les doutes. "Compte tenu du passé, des manquements, j'ai vu la détresse et la colère, j'en mesure aussi les causes". 17h50 : brève occupation des hauts-fourneaux de Florange Des ouvriers de Florange ont brièvement occupé jeudi les hauts-fourneaux du site sidérurgique lorrain de Florange pour exiger la renégociation de l'accord conclu entre Paris et ArcelorMittal, a constaté un journaliste de Reuters. Ils ont mis fin à leur action après avoir obtenu l'assurance que l'alimentation en gaz ne serait pas coupée mais ont demandé à François Hollande de se saisir du dossier. "On vous y appelle solennellement, M. le président, reprenez le dossier en main. Dites à Mittal ça suffit, dehors ! (...) Vous attendez quoi, qu'il y ait un malheur, ici ?", a lancé le leader de la CFDT Edouard Martin. "Nous, nous allons être votre malheur si vous ne cessez pas ce mensonge, cette tromperie. Et c'est une promesse, et nous on a l'habitude de tenir nos promesses", a-t-il asséné.

mardi 4 décembre 2012

Accord ...

La réunion entre les syndicalistes de Florange (Moselle) et le premier ministre Jean-Marc Ayrault, prévue mercredi 5 décembre à 18 heures, risque de virer à l'explication de texte. L'accord signé entre ArcelorMittal et le gouvernement, que Matignon refuse de publier mais dont Le Monde s'est procuré une copie, est en effet loin de lever toutes les interrogations sur le site lorrain du numéro un mondial de la sidérurgie. Dans ce document de – seulement – deux pages, il est ainsi indiqué que les 180 millions d'euros d'investissements sur cinq ans promis par ArcelorMittal seront certes "réalisés de manière inconditionnelle", à la différence de ceux promis par Lakshmi Mittal à Nicolas Sarkozy en 2008. Mais "les investissements stratégiques" ne représenteront que 53 millions d'euros de l'ensemble. Tout le reste, ce sera "le flux d'investissements courants, les investissements de pérennité, santé, sécurité et progrès continu, et la maintenance exceptionnelle", c'est-à-dire un vaste fourre-tout où à peu près tout et n'importe quoi peut être comptabilisé, et notamment les frais de maintenance. Exactement ce que craignaient les syndicats, qui accusent Lakshmi Mittal de vouloir faire passer pour une concession de sa part des dépenses qu'il était de toutes façons obligé d'effectuer. Néanmoins, il est indiqué que le train à chaud, un équipement stratégique du site, "fait partie des outils majeurs du dispositif de laminage" de l'entreprise et verra donc son niveau de production "maintenu autour de 2 millions de tonnes par an pour alimenter en bobines l'aval de la Lorraine ". Cette pérennisation du train à chaud était réclamée depuis longtemps par l'intersyndicale de Florange. SÉCURISER L'EMPLOI Concernant les activités de packaging (fabrication du métal pour boîtes de conserve et canettes), dont une ligne sur deux seulement fonctionne actuellement sur le site, il est écrit noir sur blanc que "ArcelorMittal concentrera les activités de l'amont du packaging de l'entité Atlantique et Lorraine sur Florange ", ce qui devrait assurer la survie des lignes d'étamage "pendant cinq ans" et sécuriser du même coup l'emploi sur la même période. En échange, "l'activité amont de Basse-Indre [un autre site d'ArcelorMittal situé en Loire-Atlantique] sera mise en arrêt temporaire" et l'activité de recuit d'Ebange, une usine du groupe située près de Florange, pourra être mise en "arrêt temporaire" elle aussi, "en fonction de l'optimisation des carnets". Mais, peut-on lire dans cet accord, "ce transfert d'activité n'impactera pas les effectifs inscrits à Basse-Indre", un engagement sur lequel Jean-Marc Ayrault s'est battu puisque ce site est situé dans son fief électoral, près de Nantes. Concernant Ulcos, le programme de recherche sur la captation du dioxyde de carbone (CO2), présenté par Matignon comme la bouée de sauvetage des hauts-fourneaux de Florange, les engagements d'ArcelorMittal sont là aussi très succincts. S'il est indiqué qu'Ulcos "reste un projet important pour développer de nouvelles solutions mieux adaptées aux enjeux du changement climatique", il est aussi clairement écrit que "l'état actuel des résultats de la recherche ne permet pas de passer directement sur le démonstrateur industriel de Florange". Autrement dit : le projet n'est pas près de voir le jour. Seul engagement concédé par Lakshmi Mittal : son groupe "va proposer (...) de continuer à travailler sur le projet de recherche et de validation technologique, en s'appuyant notamment sur l'expertise du centre R&D de Maizières-lès-Metz". Conséquence, les "installations de la phase liquide seront mises sous cocon dans l'état actuel et compatible avec la perspective de réalisation d'un démonstrateur industriel Ulcos sur un haut-fourneau". Une phrase qui confirme que le P3, arrêté depuis juin 2011, est bien définitivement abandonné, et que le P6 ne sera pas relancé tout de suite puisque "le fonctionnement de toutes ces installations sera arrêté en toute sécurité à l'issue de la procédure légale", c'est-à-dire fin mars 2013. Le groupe s'engage simplement "à ne pas démonter ces installations dans les six ans". LES SALARIÉS DE LA FILIALE GEPOR PRIS EN CHARGE Sur le plan social, il est stipulé que les salariés des hauts-fourneaux, au nombre de 629, seront reclassés "sur des bases exclusivement volontaires", avec "un dispositif de gestion des fins de carrière et sur la mobilité interne au site". "ArcelorMittal continuera à proposer à des personnes volontaires les postes disponibles sur ses autres sites", est-il également indiqué. Par ailleurs, le document stipule que les salariés de Gepor, une filiale d'ArcelorMittal qui emploie 130 personnes à Florange et pour lesquelles les syndicats se montraient très inquiets ces derniers jours, bénéficieront "des mesures de gestion de fin de carrière et de mobilité avec des conditions similaires à Florange". "Si le contenu de cet accord s'avère exact, c'est enfin la démonstration que Mittal a enfumé le gouvernement, affirme Edouard Martin, délégué CFDT de Florange. Nous allons demander demain à Jean-Marc Ayrault si cet accord peut encore être modifié. Nous exigeons notamment que la chauffe des hauts-fourneaux soit maintenue jusqu'à la matérialisation du projet Ulcos". L'intersyndicale n'exclut pas de quitter Matignon avec fracas si l'accord n'est pas modifié. Le Monde du 04/12/2012

lundi 3 décembre 2012

... Le Combat Continu !

Le Monde 03/12/12... Lakshmi Mittal respectera-t-il l'accord conclu avec le gouvernement ? Au terme d'un long bras de fer, le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a annoncé, vendredi 30 novembre, être tombé d'accord avec le géant de l'acier : il n'y aura pas de plan social pour les 629 salariés de l'usine de Florange. Mittal investira encore 180 millions d'euros sur le site en cinq ans, et compte sur l'appui du gouvernement français pour obtenir un financement européen qui mettrait en place le projet "Ulcos", qui doit permettre une production d'acier moins polluante. Mais il y a des zones d'ombre, nombreuses. Essentiellement sur le sort des hauts-fourneaux de l'usine. Ceux-ci vont en effet être mis "sous cocon" dans l'attente de l'éventuelle mise en place d'Ulcos. En clair, ils seront éteints, et les syndicats semblent peu optimistes de les voir un jour rallumés. DES PROMESSES DE 2006 AU CAS GANDRANGE Ce d'autant que, comme l'ont rappelé certains syndicalistes, le groupe indien n'a pas toujours honoré ses engagements. Lorsqu'il réussit, en juin 2006, son OPA sur le groupe Arcelor, Lakshmi Mittal promet de respecter les engagements du groupe : "Il n'y aura pas de plan de restructuration, de licenciements collectifs ou d'autres plans de réduction de personnel chez Arcelor dans l'Union européenne." La promesse ne tiendra pas longtemps. Située non loin de Florange, l'usine ArcelorMittal de Gandrange est pointée du doigt. Le site perd 30 millions d'euros par an, selon la direction, qui annonce fin 2008 son intention de le fermer. Nicolas Sarkozy intervient personnellement, promettant aux ouvriers : "on ne vous laissera pas tomber". Mais il échoue à convaincre M. Mittal, et le groupe confirme la suppression de 575 postes. Toutefois, l'Etat dit avoir obtenu que Mittal investisse 35 millions d'euros pour créer un centre de formation, une unité de recherche ou un centre de services. Surtout, Mittal s'engage sur "le maintien de l'activité haut-fourneau sur son site de Florange (Moselle) au-delà de 2012". Un an plus tard, le gouvernement reconnaît, par la voix de Luc Chatel, que Mittal n'a que "partiellement" respecté ses engagements. Le 31 mars 2009, l'usine ferme ses portes. Le gouvernement, qui avait promis d'investir, n'a pu la sauver, et Nicolas Sarkozy, qui avait promis par deux fois de revenir voir les ouvriers du site, n'a jamais plus remis les pieds à Gandrange. Lire : Gandrange, caillou dans la chaussure de Nicolas Sarkozy 330 MILLIONS D'EUROS DE PROMESSSES Mais Gandrange n'est pas la seule fois où M. Mittal s'est laissé prendre au jeu des promesses en l'air. On peut ainsi retrouver un entretien de M. Mittal aux Echos, en avril 2008. M. Mittal y assurait : "La semaine dernière, nous avons dévoilé un plan de 330 millions d'euros d'investissement sur Florange [...] Aujourd'hui, nous décidons donc de rénover les hauts-fourneaux pour exploiter Florange au-delà de 2012". Ces fameux 330 millions d'euros d'investissements n'ont jamais vu le jour, selon les syndicats. Il faut aussi rappeler que dans le même entretien, M. Mittal vantait déjà le projet Ulcos : "Si nous pouvons travailler avec le gouvernement français, nous pourrions en effet réaliser cet investissement supplémentaire de l'ordre de 300 millions d'euros", assurait-il, expliquant que d'autres gouvernements étaient sur les rangs, mais que "si la France veut participer, elle aura réellement notre préférence". Ce fameux "projet Ulcos" est en fait porté depuis 2004 par les élus lorrains et Mittal. Mais ce dernier n'a jamais réellement investi dans cette idée novatrice, se contentant d'acquérir un permis d'exploitation minière en 2011. Le projet a été d'abord mal classé par la Commission européenne, qui semble avoir depuis changé d'avis, et décidera en décembre de son éventuel financement. Mais de nombreuses voix doutent de la pérennité d'un tel projet ou de sa capacité à maintenir de l'emploi sur le site de Florange. DES HAUTS-FOURNEAUX AUX ARRÊTS PROLONGÉS En 2009, un an après avoir fermé l'usine voisine de Gandrange, ArcelorMittal avait mis à l'arrêt l'un puis l'autre des deux hauts-fourneaux, mettant au chômage partiel un millier d'ouvriers. Les deux seront redémarrés en 2010 et 2011 quelques mois, avant d'être à nouveau arrêtés l'un après l'autre, le second (P6) ne devant être mis en veille que quelques semaines. "Cette mise en veille a été rendue nécessaire par un ralentissement saisonnier de la demande et nous redémarrerons le P6 lorsque nous aurons reçu les signaux adéquats du marché", explique alors le directeur du site, Thierry Renaudin. A gauche Arnaud Montebourg s'insurge : "Si Mittal se permet de défaire notre tissu industriel, c'est que le pouvoir politique lui a laissé prendre les clés de notre appareil de production, de nos savoir-faire, de la vie des salariés de l'industrie sidérurgique et de notre positionnement stratégique sur un marché clé : celui de l'acier." Las, les deux hauts-fourneaux ne sont pas redémarrés en janvier. Et en février, le groupe annonce que leur redémarrage n'interviendra pas avant juillet, au mieux. En pleine campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy intervient et promet qu'il a sauvé le site et arraché des promesses d'investissements à Mittal. Mais les syndicats dénoncent une "fausse annonce", et rappellent que M. Sarkozy a déjà promis 150 millions d'euros pour le site à l'été 2011, dans le cadre du fameux projet Ulcos. Quelques mois plus tard, en octobre, les craintes des syndicats deviennent réalité quand Mittal annonce la fermeture définitive du site. Mittal refuse en outre de le céder dans son ensemble, et demande au gouvernement de trouver un repreneur. Il faudra la mobilisation du gouvernement Ayrault pour la retarder en échange de l'encore hypothétique projet Ulcos. .

samedi 1 décembre 2012

La tête dans les mains, baissée sans oser regarder l’écran de la télé. Avant même l’intervention du Premier ministre, Fred Maris et Lionel Buriello en avait gros sur le cœur. « C’est ce qu’on craignait depuis le matin. Une très mauvaise nouvelle », crient, les larmes aux yeux, les deux jeunes syndicalistes CGT et salariés de la filière chaude. À l’issue des annonces de Jean-Marc Ayrault, le silence est pesant malgré la multitude de micros aux aguets dans le local syndical. Alors que depuis mercredi, l’éventualité d’une nationalisation et la rencontre avec Arnaud Montebourg avaient ramené un peu d’espoir pour toute l’intersyndicale, l’inquiétude et la colère ont peu à peu repris le pas, hier. « La solution, elle était là ! Le dossier, bouclé. Y’avait qu’à mettre une signature ! », s’énerve Lionel. Au fur et à mesure des « fuites » évoquant une contre-proposition de Mittal et ce troisième scénario, « inacceptable », les militants affichent des mines défaites. « À partir du moment où c’est Ayrault qui allait s’exprimer… Les nouvelles ne pouvaient plus être bonnes », glisse Édouard Martin (CFDT). Dès 20h, militants, familles et salariés qui avaient fait le pied de grue une bonne partie de la journée, en vain, dans l’espoir d’une annonce, ont repris leurs téléphones pour venir aux nouvelles. « On est mort. C’est cuit. Il nous l’a fait à l’envers… » K.-O. debout, les militants de la CGT ne sont plus bavards. Rien ne les rassure. Pas de plan social ? « Moi, le 1 er janvier, je serai licencié économique », lâche Reynald, salarié d’un sous-traitant. « Le gouvernement n’a rien gagné !Entre les 250 salariés détachés sur les sites du froid et les mesures d’âges possibles, il n’y aura de toute façon personne sur le carreau, assure Francis Lopera (CGT). 180 M€, c’est une goutte d’eau. On va attendre Ulcos, on va y croire un petit peu… Et dans un an, c’est fini ! Si on nous garantit Ulcos en 2013 et qu’on démarre les travaux, pourquoi pas. Mais ça, je ne l’ai pas entendu ! » Seule victoire ? Seul son de cloche discordant dans le sentiment de déception et de trahison ressenti, Walter Broccoli (FO) saluait « une victoire ». « L’objectif était bien que l’acier coule encore en Lorraine, on a Ulcos pour continuer. Je ne ferai pas la fine bouche, il faut être raisonnable. Rester sous la tutelle de Mittal, c’est aussi soulager l’inquiétude des autres sites : Dunkerque, Mouzon… » Contre les promesses non tenues de Mittal, le responsable FO veut croire en la parole du gouvernement. Mais pour tous les autres, la poursuite en veille des hauts fourneaux et les promesses de Mittal ont « trop un goût de déjà-vu » pour rassurer. « Ce n’est pas ce qu’on attendait. Mais il faut qu’on prenne du temps. Le premier sentiment n’est pas clair », avoue Frédéric Weber (CFDT). Dépitée, Céline le résume en une phrase : « Tant que je ne verrai pas le haut fourneau cracher de la fumée, on n’aura pas gagné ! » RL DU 01/12/12....................................................................